Juillet
Le premier juillet, me voilà qui m'envole dans les airs depuis Paris pour me soustraire un an en pays de Turquie. A moi la mer et l’œil renouvelé ! En chemin je rencontre mon nouveau coloc d'année, Vitus, venu d'Allemagne. Il semble sympathique, gardant le sourire tout au long de l'heure pendant laquelle je détaille avec attention les particularités physiques de ma valise pour qu'il la retracent, la coquine, de la France à l'Ukraine, de l'Ukraine à Istanbul. Enfin, on prend le bus pour notre ville d'ouvrage, Çanakkale ( [tchanakalé] ). On y arrive le matin (joli réveil dans le bus à l'approche du port, au milieu de l'eau -une minute de doute et puis on se détend, et on peut s'émerveiller du paysage). La valise se fera la même réflexion deux semaines plus tard.
On rencontre au port notre troisième coloc, Marius, un Roumain qui est venu l'an passé faire comme nous un service volontaire européen dans la même association et qui a décidé de rester. Cette ville semble avoir charmé comme une sirène bon nombre d'étrangers qui ne pensaient que passer. Un peu plus tard on déjeunera nos premières spécialités turques avec un thé (le célèbre çay qui se joint à la clope pour habiller la quasi-totalité des bouches turques du matin au soir), le tout dans un charmant café face à la mer. Mer dans laquelle deux dauphins nous montrèrent leurs reins en rythme ce matin-là histoire de nous envoûter sans perdre de temps. On fait la connaissance d'Emir, responsable de projets de l'assoc, Aylin, la présidente qui est aussi prof d'anglais. Ils ont tous 25 ou 26 ans, ont l'air de savoir ce qu'ils font et d'avoir de la distance, de bonnes réflexions sur leur activité... Dynamiques, détendus et chaleureux : je prends !
On s'installe dans cette nouvelle ville, on rencontre des amis des uns des autres, ça parle pas mal anglais dans les cercles de chacun ; on se découvre avec de la fête dans le gosier et de la joie dans les gestes ! Mon anniversaire tombe à ce moment-là, il suit cette très joyeuse procédure. Chanceuse pour le coup, mon blues de pré-anniversaire de n'être qu'avec des nouveaux sans mes miens-repères a vite été essuyé par un gâteau surprise et même des cadeaux de mes nouveaux compères ! Les amis, les soirées, ça nous mène à camper une nuit sur la superbe plage de Kabatepem autour d'un feu-maison ou encore à se baigner dans le port à 5h du mat, à se les geler tout en refusant de quitter ces eaux douteuses avant d'avoir été rejoints par le soleil du matin. Bon et puis soleil = lumière = regards et prise de conscience de nous-mêmes = au pieu, et on calme le jeu niveau déjante.
Nous commençons les cours de turc : la sensation du bus flottant revient, léger vertige grammatical... Ok, ne serait-ce que pour la langue, 1 an de service vaut mieux que 6 mois ! Petit à petit j'ose des Merhaba fragiles à nos voisines qui semblent plus sensibles au charme blond et long d'1.90 mètre de Vitus. Enfin, un mois de Merhaba intensifs me suffira à décocher les sourires de toute la rue à mon passage.
Et puis viennent les missions. Joueur, notre Emir nous a concocté des missions d'orientation et de socialisation histoire de précipiter un peu notre intégration. On a notamment dû acheter du yaourt (numéro 3, juste après le thé et la cigarette dans le palmarès des ingurgitations nationales) dans un grand super-marché en périphérie du centre-ville, donc oser prendre le bus. Vitus a passé sa première journée de mission à se coup de soleiller violemment en rassemblant sur la plage 1000 coquillages pour ensuite leur faire dire son nom. Quant à moi j'ai cultivé mon coup de soleil en marchant 1h aller-retour à la piscine (ah, sacrée peur du bus qui "pourrait me perdre vachement plus vite vachement plus loin que mes propres pattes"...). Sur le trajet, comme ces-dites pattes m'ont bien entendu paumée, un valeureux sauveur de jeunes étrangères au teint rougeâtre se joint à ma marche. Le mec s'ennuyait, maintenant il s'emballe : ma mission devient la sienne, il mettra tout son honneur à me la faire, cette fichue carte de piscine ! Bon sauf qu'il ne parle pas anglais et du coup j'assiste plus que je ne participe à ses négociations à la piscine, puis au stade, puis au bureau de Police. C'est en le forçant à accepter un Coca que j'échappe à ce qu'il commence lui-même les procédures pour mon Visa. Je laisse ça à Emir, c'est quand même mieux de connaître le dossier ! Autrement ces missions nous ont fait prendre des photos avec des inconnus, et tester la légendaire chaleur et hospitalité des turcs : ça marche ! D'ailleurs l'étranger reçoit bien souvent des attentions particulières. On s'est également rendus à divers lieux de la ville, moi collée à ma carte et tournant quand même en rond, Vitus avec son orientation de voiture équipée allemande. C'est ainsi qu'on a notamment visité le joli château en forme de trèfle de Kilitbahir. Voilà pour le gros des missions - et mon sauveur de la piscine s'est repointé régulièrement à l'appart pour me regarder vivre semble-t-il, jusqu'à ce que sous les conseils d'Emir, expert en jeunes-mecs-désespérés-traqueurs-d'étrangères, je réussisse à l'éconduire.
Juillet, c'est une arrivée en fanfare, de l'émerveillement et de l'énergie pour s'intégrer et commencer, le plein d'espoirs pour une année à reliefs !
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